mercredi 18 février 2009

Rancune


Planche 29 crayonnée.

C'était une case parmi des milliers d'autres. Elle m'attendait en embuscade au milieu de cette planche. Pas particulièrement difficile. Ni angle de vue compliqué, ni positions alambiquées, ni décors pénibles. Une case banale. Pas d'exploit technique.
Alors pourquoi m'a t-elle pourri la matinée?

Une case maudite. Ça arrive de temps en temps. On est devant un mur à franchir, on l'a fait des centaines de fois. Parfois les mains dans les poches, parfois de haute lutte. Parfois en trichant un peu (hé oui). Mais, toujours, on passe l'obstacle, avant d'aborder le suivant.

Et là, je sais pas, un petit salaud a savonné le mur. On patine, on dérape. On ne sait plus faire. On s'obstine en vain. On s'énerve. On se déconcentre. On se reconcentre. On profère des insanités. Le dessin, cette paisible activité moniale, devient un grossier combat de catch, avec sa sueur et ses trucages à deux balles.

Et la case vous prend cinq heures.

Ne pas chercher à comprendre. Y'a des jours comme ça. Demain ça ira mieux.

La seule chose qui me console, c'est que, dans quelques mois, quand vous lirez le livre, vous passerez sur les lieux de ce sanglant combat sans rien voir. J'ai soigneusement épongé le ring.

Mais j'oublie pas.