mercredi 30 septembre 2009

Bloqué

Coincé, enlisé, appelez-ça comme vous voulez.
C'est une nouvelle journée pour rien qui s'achève, où se confirme que les dernières scènes de ce récit ne seront pas les plus simples à écrire.

Toutes ces trames tissées depuis la première case de la première page du premier livre se retrouvent maintenant sous mon crayon. Et tout ça devra s'organiser sur la douzaine de planches qui me restent à dessiner.

Pour franchir cet obstacle, j'ai essayé relire certaines scènes du premier volume, et du second. J'ai tenté de les parcourir en tant que lecteur. Pour bénéficier de leur élan.
En vain.

Alors, pour occuper cette journée, un ou deux dessins promis et en retard sont les bienvenus.



Demain, haha. Demain, en revanche, ça va barder.

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mardi 29 septembre 2009

Verdict

Aptes:



Réformées:

lundi 28 septembre 2009

Les invalides

Imaginez une cour de caserne, sous un beau soleil automnal.
La troupe est là, alignée, figée au garde-à-vous, impeccable.
Ils sont bien jeunes pour partir au combat, ces petits soldats. Ils ne sont encore qu'une soixantaine, mais chacun rêve d'en découdre. Observez celui-là, par exemple. Il a astiqué son équipement, il se tient droit, l'œil conquérant. Sous son petit crâne trop tendre, l'envie d'action, après tout ces mois d'attente, est à son paroxysme, comme l'est la crainte affreuse qui lui tenaille le ventre: pourvu que personne ne remarque le vilain boitillement qui freine son pas depuis une mauvaise chute, et qui, découvert, l'empêcherait certainement de gagner le front avec ses semblables. Il pense aussi à ses chaussures qu'il n'a pas pris le temps de cirer ce matin: quelle erreur.
Nuque raide, il risque un œil sur ses voisins. Ils sont immobiles, le regard droit et dur, parfaits, sûrs d'eux.
Alors le désespoir l'accable.
Le pauvre petit trouffion est incapable de deviner que les mêmes angoisses taraudent chacun de ses camarades.

Le général arrive. Il passe la troupe en revue. Son pas est lourd. Posément, il inspecte chaque soldat, de la tête aux pieds. Chacun rentre le ventre, serre les fesses. Il a l'œil fouineur et mauvais. Régulièrement, d'un simple coup de menton, il expulse du rang une recrue qui, tête basse et rêves brisés, rejoint sa chambrée. Une arme mal graissée, un pli de pantalon un peu flou ont suffi à attirer la sanction. Il leur faudra attendre la prochaine revue de troupe pour espérer quitter cette maudite caserne.
Ceux devant qui le général est passé sans rien dire tentent de contenir, autant qu'ils peuvent, leur soulagement et leur joie. Finie le cantonnement. À eux, bientôt, le vaste monde.
Le général s'arrête devant le petit soldat boiteux, qui sent un filet de sueur glacée dévaler entre ses omoplates.

Bref.
Les éditions Futuropolis me réclament des planches originales. La phase technique de la vie éditoriale du livre va commencer.
Jusqu'ici, je les gardais toutes dans mon atelier. Et je me prépare à confier à Claude Gendrot, éditeur, les plus acceptables d'entre elles.

En ce début de semaine, elles sont ces petits soldats en sueur.
Le rôle de ce vilain général soupçonneux, qui trie les valides et les autres, me revient.

Moi qui ai refusé de faire mon service militaire...

vendredi 25 septembre 2009

Le livre qu'on en cause


Planche 63, mise en couleurs.

Dire du mal d'un livre, avec talent, c'est encore mieux qu'en dire du bien:


jeudi 24 septembre 2009

Expression libre

Planche 63, crayonnée et encrée.


Faire sourire un personnage.
Quel sourire? Celui que je voudrais lui donner exactement, à ce moment du récit, m'échappe.
Lever ou abaisser les sourcils, ou les décaler légèrement.
Plisser les yeux. Ou pas.
Et la bouche, comment la figer?
La course du crayon m'impose sa trace.


Trop de paramètres, trop de technique, trop de muscles.


La solution est peut-être alors d'en faire le moins possible.
Laisser le lecteur, la tête pleine de ce qu'il vient de lire, habiter le sourire.
Vas-y, toi. Fais sourire Lulu.

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mercredi 23 septembre 2009

Mystère

Rien foutu aujourd'hui pour Lulu.
Journée consacrée à un projet de (gros) livre (très) collectif dont je vous reparlerai un jour.

Lu un excellent bouquin, que je vous conseille chaudement:

"Pachyderme" de Frédérik Peeters, chez Gallimard.

Un livre plein de mystère, de fausses pistes, de sensualité.
Un livre à lire plusieurs fois.

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mardi 22 septembre 2009

Paradoxe(s)

Ce matin, étrange séance de story-board, qui nous emmène au cœur de scènes décisives. Étrange parce que productive ET incertaine.
Rien de ce qui se pose sur la feuille n'est solide. Et cette fragilité, paradoxalement, a quelque chose de rassurant.
Tout ce que je viens de suggérer au crayon pourra donc se transformer quand je dessinerai ces pages en fonction des éléments nouveaux qui ne manqueront pas d'apparaître à ce moment. Le moindre souffle me fera changer de direction.
C'est ça mon job, en ce moment: un pratique intensive de l'hésitation et du doute.



Je lis, par ailleurs, qu'une des vaillantes représentantes du Peuple Français (vous noterez les majuscules) vient d'avoir une idée lumineuse. Il faudrait désormais envisager une loi pour signaler les "photos retouchées".
Diable.
Sous un prétexte louable (lutter contre l'anorexie mentale qui pousse à la mort les adolescentes qui veulent ressembler aux filles de magazines dont elles pensent qu'elles existent vraiment), cette députée illustre à son insu la grande confusion qui sévit autour des relations entre l' image et la réalité.

Et cette confusion règne donc aussi chez nos élus, qui ne sont pourtant pas des imbéciles, sinon on ne les aurait pas choisis.
Et on maudit Photoshop, le logiciel qui permet ces retouches.
Et on accuse ces images de donner une vision déformée de la réalité.

Bah oui.
Les images n'ont pas attendu Photoshop pour prendre des distances avec la réalité. C'est même leur finalité.
Les images -réalisées avec un ordinateur, un appareil photo, une caméra ou un crayon à papier, avec ou sans Photoshop- sont des interprétations de la réalité, construites à partir d'un point de vue et, toujours, précédées d'intentions. Leur nature, par essence, est subjective.

Sans rire, Madame la Députée, vous avez bien raison de vous méfier de ces saloperies, qui sont toutes des menteuses.
Mais, plutôt que de légiférer, donnez donc à ces adolescentes fascinées par les magazines une authentique culture de l'image.
Apprenez-leur à les connaître bien, et, paradoxalement, elles pourront les apprécier pour ce qu'elles sont: une création humaine.

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lundi 21 septembre 2009

De l'oxygène et de l'espace

Après quelques jours d'oxygénation neuronale, me voilà de retour aux affaires, l'œil vif et le poil brillant.

Connaissez-vous "Marseil" et les trois autres livres de Michel Crespin qui ont été -je crois- réédités sous le titre de Armalite 16 ?
Ces pages pleines d'espace, de vent, de montagnes et de silence (c'est plus difficile qu'on pense, un vrai silence, à faire, en bande dessinée) ont été une lecture importante au beau milieu de mon adolescence. Elles m'ont détaché de la stricte bande dessinée franco-belge d'humour dont je m'abreuvais presque exclusivement jusqu'alors (et dont j'aime toujours les meilleurs représentants).
Quelques années plus tard, après avoir publié mes premiers livres, j'ai eu la chance de côtoyer un peu Michel Crespin et j'ai trouvé, je ne sais où, le courage de lui proposer de lui écrire un scénario. Il avait accepté. Je m'étais mis à l'ouvrage.
Et Michel est mort.

Une association s'est donné pour but de faire découvrir son œuvre au plus grand nombre. Elle vient d'ouvrir un site. Il est .



Planche 62 mise en couleurs.

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mardi 15 septembre 2009

Quelques millimètres carrés



Planche 62, crayonnée et encrée.

Et puis, tiens. Allez donc faire un tour sur le beau site tout neuf des éditions Futuropolis.

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lundi 14 septembre 2009

La date de sortie

Instructives conversations au festival espagnol d'Avilès avec d'autres bipèdes humains ayant eux aussi choisi de consacrer l'essentiel de leurs journées à la bande dessinée, au lieu d'aller batifoler tout nus dans les champs.
Des confrères, donc.
Ceux-là étaient états-uniens, anglais, canadiens ou espagnols, et ils travaillaient presque tous pour Marvel, puissant éditeur de comics américains. Ils dessinent des aventures de "super heros", au rythme invariable de vingt-deux planches par mois, chacun d'eux étant assigné à une tâche bien précise. Un scénariste envoie une page à un heu... crayonneur qui la donne à un encreur qui la scanne et l'envoie sur un serveur informatique, où un coloriste s'en empare avant qu'elle ne soit communiquée à un lettreur qui finira par renvoyer ce fichier chez l'éditeur.
Tous ces intervenants habitent sur des continents différents, ne se connaissent pas forcément, et n'ont aucun droit sur le travail des autres maillons de la chaîne. Certains sont des stars dans leur domaine. Tous espèrent qu'un producteur hollywoodien mette une option sur leur comics.

Des confrères, certes, mais d'une autre planète.

Retour en France.
Après avoir pifométriquement tenté de mesurer le travail qui reste à accomplir sur ce second volume, Claude Gendrot, éditeur, et moi-même sommes heureux de pouvoir vous annoncer que le second volume de "Lulu femme nue" sortira en librairies
le 12 mars 2010 .

Vous trouvez ça encore loin? Moi pas.

Planche 61, mise en couleurs.


PS: Vous avez été plusieurs à me signaler que mon nom figurait dans la liste des invités aux "Rencontres de Nérac" organisées autour du travail d'Yves Chaland début octobre, dont j'ignorais l'existence à ce jour ( les "rencontres", pas l'œuvre de Chaland, je vous en prie).
Nul boycottage de ma part cette fois, mais à nouveau fausse information...

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jeudi 10 septembre 2009

30 000

C'est cette nuit qu'a eu lieu la trente millième visite de ce blog. Certains d'entre vous me demandent de ne pas le fermer à la date initialement prévue.
D'accord. Je vous ferai donc profiter des premiers mois de la vie éditoriale du livre.
Mais bon, ensuite, rideau.

En attendant ce moment fatidique, je vous remercie pour votre assiduité.

Autre événement nocturne: L'obstacle qui m'empêchait, depuis si longtemps, de découper plus avant les scènes suivantes de ce livre, et dont j'ignorais la nature, s'est volatilisé.
Au réveil, c'est, je l'avoue, sous l'emprise d'une certaine résignation que je me suis installé à ma table à dessin, avec le vague projet de story-boarder cinq ou six pages. Une ou deux auraient même fait l'affaire, allez.
Et -surprise- tout s'est posé sur la feuille en quelques instants. Surtout ne pas chercher à comprendre.

Tout ça attendra néanmoins la semaine prochaine puisque je m'envole pour les Jornadas Internacionales del Comic Villa de Avilés, où j'invite les plus espagnols d'entre vous.


(planche 61)

P.S: Un gros centre commercial Leclerc de l'ouest français organise désormais un "festival BD" annuel. On me signale qu'il annonce sur son programme une expo sur "Un homme est mort" que j'ai réalisé avec Kris.
Je veux apporter ici la précision suivante: Il ne me semble pas envisageable de collaborer avec un individu qui cherche à abattre la loi sur le prix unique du livre. Il s'agit donc d'une information erronée.


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mercredi 9 septembre 2009

60 planches

mardi 8 septembre 2009

Une édifiante séquence

Planche 60, crayonnée et encrée.
Contrairement à ce que je supposais, c'est probablement sur les dernières scènes de ce livre que je vais avoir le plus recours à l'improvisation. En effet, les vagues story-boards que je mets en place avant de dessiner une page volent en éclats dès que je pose mon crayon sur la planche.
J'affronte désormais le libre-arbitre de mes personnages.
Difficile, mais rassurant.



Je vous parlais hier, avec "Buzz-moi", de la promotion de nos livres. Âpre exercice.
Je ne résiste donc pas au plaisir de vous soumettre ci-dessous l'initiative du camarade Rabaté, qui vient à la fois de publier son dernier livre et de terminer le tournage de ses "Petits ruisseaux".
On savait que le cinéma nourrit mieux son homme que la bande dessinée. L'édifiante séquence qui suit en apporte la preuve.

lundi 7 septembre 2009

Dans mon hamac

La planche 59 est mise en couleurs. Mais le story-board fait désormais de la résistance.

Puisque l'objet de ce blog est de vous raconter la réalisation d'un livre de bande dessinée, je vous signale les deux autres ouvrages que le hasard a mis simultanément entre mes mains ce week-end.

Le premier (merci Sophie!) est "Un zoo en hiver" de Jiro Taniguchi, le plus européen des auteurs japonais. Il s'agit d'une fiction, très largement autobiographique, qui nous fait découvrir les débuts d'un très jeune mangaka à Tokyo, dans les années soixante. Un beau récit d'initiation, de facture très classique (ce n'est pas un reproche).
Intéressant de comparer cette rigoureuse initiation bureaucratisée avec celle, nettement plus foutraque, que mes confrères français et moi -même avons connue, souvent par la pratique joyeuse, chafouine et aléatoire du fanzinat, ambiance punk-à-chien et psychotropes variés.
À sa façon, douce et nostalgique, cet exotique "zoo en hiver" nous raconte donc ce qui précède la naissance d'un livre.

"Buzz-moi" d'Aurélia Aurita est le second. Il relate cette période particulière qui suit la sortie d'un livre, et où l'auteur doit (quand il a de la chance) s'extirper de son douillet atelier pour affronter la monde de la presse.
Aurélia Aurita nous décrit donc le tsunami qu'elle a subit avec le succès de "Fraise & chocolat", heureux récit érotique, dont la crudité et la liberté de ton avaient séduit pas mal de lecteurs. Les plus curieux d'entre vous pourront en trouver une (toute petite) critique, sur mon site, page "Lu, vu ouï".
Rencontrer un journaliste qui commence par vous avouer qu'il n'a "pas eu le temps de lire votre livre" mais qui va "en parler quand même" dans son journal, et décider dans les secondes suivantes de la conduite à tenir, c'est aussi l'métier, coco.

dimanche 6 septembre 2009

Vous raconter des histoires



jeudi 3 septembre 2009

"René Vautier, le cinéma de haute lutte"


Planche 59, crayonnée et encrée.

Demain, avec Kris, je participerai aux Journées d'études consacrées à René Vautier, et organisées par L'institut National d'Histoire de l'Art, l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne, le Centre de Recherches en Histoire et Esthétique du Cinéma Trois Lumières, la Cinémathèque Française et la Cinémathèque de Bretagne (ouf).

On nous a demandé de raconter l'aventure de notre livre "Un homme est mort".
Nous nous exécuterons, avec plaisir, et en compagnie du gars Vautier, vers 17h.
L'entrée est libre.
Et le programme est .

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mercredi 2 septembre 2009

Ha merde, c'est la rentrée...

Parmi les bonnes nouvelles qui peuvent nous aider à franchir ce cap, notons, sur les ondes nationales, le retour de "Là-bas si j'y suis", émission animée depuis vingt ans par l'inoxydable Daniel Mermet.

On peut être exaspéré par le culte que lui vouent certains de ses auditeurs enamourés, on peut (on doit!) n'être pas toujours d'accord avec ses prises de position, mais il n'empêche: ça fait du bien de le retrouver.
Ses deux premières émissions ("Comment Monsieur Kagamate s’est mis à bégayer", hier, et son entretien avec avec Ivan Segré, auteur du livre "La réaction philosémite ou la trahison des clercs" aujourd'hui) furent de beaux moments de radio.
La garantie, en quelque sorte, d'être intelligent au moins une heure par jour.

Vous pouvez écouter tout ça ICI.

Planche 58, encrée, et mise en couleur cet-après midi (sans les oreilles).

mardi 1 septembre 2009

Euphorisant

Planche 57, mise en couleurs.

Planche 58 crayonnée.
Ça avance bien.

Ces jours-ci, en travaillant presque sans story-board, j'ai le sentiment de conduire à 200 km/h dans le brouillard. C'est un exercice qui demande une concentration maximale, et, à cette condition, je dois avouer qu'il a quelque chose d'euphorisant.
On verra bien.
Dans mon cas, les sorties de route se réparent à coups de gomme, ce qui relativise la pertinence de ma métaphore automobile.

Par ailleurs, chez mes voisins vignerons, c'est la belle saison de la mise en bouteilles et j'ai commis cette étiquette.

C'est tout à fait sérieux. Moi qui consomme depuis longtemps ce breuvage, je n'ai jamais souffert de la grippe A. Je suis prêt à en témoigner devant Madame Bachelot, notre pittoresque Ministre de la Santé et des Chaussures Ridicules.
Ne cherchez pas ce vin chez votre caviste. Il s'agit d'une micro-production tout à fait privée, et non commercialisée.

Soyez sans crainte. Si la gravité de cette pandémie était confirmée par Jean-Pierre Pernaud, nous qui avons accès à ce salubre nectar, nous engageons, après votre disparition, à repeupler la planète Terre.

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