mardi 22 septembre 2009

Paradoxe(s)

Ce matin, étrange séance de story-board, qui nous emmène au cœur de scènes décisives. Étrange parce que productive ET incertaine.
Rien de ce qui se pose sur la feuille n'est solide. Et cette fragilité, paradoxalement, a quelque chose de rassurant.
Tout ce que je viens de suggérer au crayon pourra donc se transformer quand je dessinerai ces pages en fonction des éléments nouveaux qui ne manqueront pas d'apparaître à ce moment. Le moindre souffle me fera changer de direction.
C'est ça mon job, en ce moment: un pratique intensive de l'hésitation et du doute.



Je lis, par ailleurs, qu'une des vaillantes représentantes du Peuple Français (vous noterez les majuscules) vient d'avoir une idée lumineuse. Il faudrait désormais envisager une loi pour signaler les "photos retouchées".
Diable.
Sous un prétexte louable (lutter contre l'anorexie mentale qui pousse à la mort les adolescentes qui veulent ressembler aux filles de magazines dont elles pensent qu'elles existent vraiment), cette députée illustre à son insu la grande confusion qui sévit autour des relations entre l' image et la réalité.

Et cette confusion règne donc aussi chez nos élus, qui ne sont pourtant pas des imbéciles, sinon on ne les aurait pas choisis.
Et on maudit Photoshop, le logiciel qui permet ces retouches.
Et on accuse ces images de donner une vision déformée de la réalité.

Bah oui.
Les images n'ont pas attendu Photoshop pour prendre des distances avec la réalité. C'est même leur finalité.
Les images -réalisées avec un ordinateur, un appareil photo, une caméra ou un crayon à papier, avec ou sans Photoshop- sont des interprétations de la réalité, construites à partir d'un point de vue et, toujours, précédées d'intentions. Leur nature, par essence, est subjective.

Sans rire, Madame la Députée, vous avez bien raison de vous méfier de ces saloperies, qui sont toutes des menteuses.
Mais, plutôt que de légiférer, donnez donc à ces adolescentes fascinées par les magazines une authentique culture de l'image.
Apprenez-leur à les connaître bien, et, paradoxalement, elles pourront les apprécier pour ce qu'elles sont: une création humaine.

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